PRÉSENTATION




Personne ne naît vertueux mais chacun peut le devenir. Ayez des pensées vertueuses, prononcez des paroles vertueuses et menez une vie vertueuse, c'est alors que les vertus deviendront partie intégrante de votre existence. Les vertus sont la musique du cœur. Elles transcendent les barrières de culture, de race et de nationalité.  Un esprit vertueux inspire de nobles pensées, il élève le cœur et rend l'homme plus humain, sa vie se fait plus mélodieuse.  Mettez en pratique les "petites vertus" et laissez résonner les mélodies divines dans votre vie.



Préface

I - Patience

II - Humilité

III - Douceur

IV - Simplicité

V - Hospitalité  

VI - Honnêteté: valeur fondamentale
 
VII - Optimisme 

Postface: les vertus, musique du coeur
 
(IVD) = Introduction à la Vie dévote, de St François de Sales
(EA) = Oeuvres, de St François de Sales, édition complète, monastère de la Visitation, Annecy
(CS) =  Conférences spirutuelles, de St François de Sales

Les illustrations de vitraux, au nombre de 6, sont toutes  issues de la basilique Saint François de Sales, à Annecy

PRÉFACE





Les petites vertus de la vie quotidienne sont souvent perçues par la majorité des gens comme étant "ordinaires". Et pourtant, elles possèdent un pouvoir énorme. La pratique de ces petites vertus "ordinaires" poursuivie avec une dévotion extraordinaire non seulement engendre de plus grandes vertus, mais elle favorise même toutes les autres vertus. Les vertus spectaculaires vous rendront certes plus populaire, mais les petites vertus vous rendront humble et plus aimable. Les occasions sont nombreuses de pratiquer les petites vertus au quotidien, tandis que celles d'actions héroïques se présentent rarement. 
Une vie vertueuse produit l'harmonie, l'harmonie appelle la paix, il en découle le bonheur. Et le bonheur à son tour divinise la vie. Les vertus sont le fondement d'une vie morale et honnête. Une personne vertueuse n'est pas seulement disposée à faire le bien, mais elle le fait de son mieux. La vertu est honorable, pure, attachante et gracieuse, elle élève l'âme vers les sommets de la spiritualité. Une vie vertueuse rend capable de faire de petites choses avec grande ferveur, ce qui donne sens à la vie.
Dans son " Introduction à la vie dévote " (IVD), François de Sales nous dit que nous devons préférer la vertu correspondant plutôt à nos devoirs  qu'à nos goûts. " Le sucre est plus agréable que le sel, mais celui-ci est d'usage plus fréquent et plus général. Nous devons toujours avoir de ces vertus générales une bonne réserve à portée de main, puisque nous devrions en faire un constant usage."
Les vocations particulières auxquelles nous sommes appelés abondent en routine, mais présentent aussi d'amples occasions de pratiquer la vertu. Il est par exemple plus approprié pour des personnes consacrées de renoncer à toute propriété personnelle (voeu de pauvreté) que cela ne le serait pour des parents avec enfants, chargés de responsabilités familiales.  Une personne irascible peut s'améliorer en pratiquant la patience et la douceur sur son chemin de sainteté. Une personne douce de nature mais sujette à la peur fera mieux de s'entraîner au courage. Si telle autre est portée à un vice particulier, elle devra pratiquer la vertu opposée, précisément celle qui viendra renforcer sa détermination à atteindre son but spirituel. François illustre ceci par l'analogie suivante:
Les sangliers affûtent leurs défenses en les frottant et en les polissant avec leurs autres dents, lesquelles deviennent par là- même pointues et aiguisées. Ainsi, une personne vertueuse décidée à se perfectionner dans la vertu qui lui fait le plus défaut pour sa protection devrait la renforcer et la perfectionner par l'exercice d'autres vertus. En la raffinant ainsi, toutes les autres vertus gagneront en excellence jusqu'à devenir achevées. C'est ce qu'il advint à Job qui, en s'exerçant particulièrement à la patience contre tant de tentations dont il était assailli, finit par devenir totalement saint et parfait en toutes sortes de vertus. (IVD)
Les "petites vertus" primaires soulignées par François de Sales sont la douceur, la patience, l'honnêteté, l'humilité et la simplicité. J'ai toutefois moi-même ajouté à cette liste les vertus d'optimisme et d'hospitalité hautement chéries par le saint et qui sont caractéristiques de la pratique salésienne des vertus.
La vie est un don: plus nous la chérissons, plus précieuse elle devient. Selon St François de Sales, chaque occasion, chaque instant que nous offrons à Dieu en accomplissant de petites choses avec beaucoup d'amour, augmente cet amour et nous fait progresser sur la voie de la perfection en sainteté. Pourquoi ne pas accomplir les choses ordinaires avec un amour extraordinaire pour rendre ainsi la vie vraiment digne d'être aimée ?
La pratique des petites vertus peut poser un véritable défi et en valoir d'autant plus la peine au coeur de l'agitation effrénée de la vie quotidienne. La vie est un fleuve en mouvement constant, demain deviendra l'aujourd'hui, aujourd'hui sera submergé dans l'hier. Vous ne cessez d'apprendre de nouvelles choses. Apprenez des autres et, par introspection, apprenez de vous-même; devenez votre propre maître en pratiquant les Petites Vertus.

Antony Kolencherry
24 janvier 2016 

I - LA PATIENCE



La patience est l'art de l'attente illimitée ; elle nous apprend à attendre, surtout dans les situations d'épreuve et de soucis. La patience est une disposition à persévérer. Vous le savez peut-être par expérience: il est facile  de pourchasser un papillon, mais l'attraper exige de la patience. Soit vous usez de patience, soit il vous échappe. Cependant, si vous choisissez d'aimer la patience, l'espérance et la foi s'ensuivront. Un de mes amis me disait un jour incidemment: "J'aime jouer du violon. Mais c'est très difficile."  À force d'entraînement et une fois devenu virtuose, il fit la remarque: "Tout est difficile avant de devenir facile." De même, toute pratique spirituelle peut sembler ardue au départ, mais une  pratique assidue la rendra facile et agréable. La patience et l'abnégation dégagent de riches dividendes.

1. UNE LUTTE SANS FIN

Tendre vers la perfection en sainteté est une lutte sans fin. En tant  qu' êtres humains nous sommes limités et sujets aux erreurs.  "La voie de l'imperfection" nous domine et nous prévient que la voie de la sainteté est presque hors de notre portée. Le conseil de François est pertinent:
"Ne nous laissons pas troubler par nos imperfections, parce que notre perfection consiste à les combattre. Or nous ne pouvons pas les combattre à moins de les voir, et nous ne pouvons pas non plus les vaincre si nous n'y sommes pas confrontés. Notre victoire n'est pas de les ignorer mais de ne pas nous y résoudre..., la seule chose qui compte, c'est de ne pas nous laisser décourager par elles." (IVD)

L'amour a deux filles: la patience et la douceur. La patience est une disposition mentale d'endurance soutenue par une ferme volonté de charité et de tolérance face aux situations pénibles. Saint Paul met sur un pied d'égalité l'amour et la patience: "L'amour est patient" (1 Cor 13:4). Jésus nous dit: "Par votre endurance, vous sauverez vos vies" (Lc 21:19). La patience est l'attribut des gens aimables. Par la patience nous pouvons résoudre la plupart des problèmes de la vie.
Qui sait attendre patiemment?  Les gens sont souvent en état de stress et de pression constants. La patience est la capacité et la disposition à attendre le temps nécessaire à l'exécution d'une tâche de longue durée. La patience est la capacité illimitée d'endurer les épreuves et les désagréments; elle requiert le calme, la maîtrise de soi et la volonté de tolérer les retards. La patience, la paix et l'amour forment ensemble les trois pôles de la miséricorde.
La patience est porteuse de vie. On ne fait pas éclore un poussin en cassant l'œuf mais en le couvant !
Entraînez-vous à la patience et vous serez maître de votre vie. François nous exhorte: "Soyez patient avec vous-même, sans vous soucier de vos propres imperfections." La patience cultive l'aptitude à persévérer dans un travail jamais achevé. La patience nous motive à toujours recommencer.

2. LA PAROLE DE DIEU
                                                  
La patience est présentée dans la Bible comme une vertu précieuse.
Elle nous enseigne à nous accommoder de ce qui est transitoire. L'Ecclésiaste nous dit que la vie est passagère. Il y a un temps pour toute chose (Eccl 3:1-8). La patience possède une grande force de persuasion. Le même Livre affirme: "Mieux vaut la fin d'une chose que son commencement" (Eccl 7:7-9). Et les Proverbes l'illustrent avec plus d'insistance encore: "Par la lenteur à la colère on fléchit un prince; et une langue douce peut briser des os" (Prov 25:15).
La patience implique une force supérieure à celle d'un vaillant guerrier. D'où le conseil: "Celui qui est lent à la colère vaut mieux qu'un héros, et celui qui est maître de lui-même vaut mieux que celui qui prend des villes" (Prov 16:32).  La parabole du Semeur illustre concrètement l'art de l'attente patiente (Mc 4:26-29). Les jours et les nuits se succèdent et le semeur poursuit sa tâche et attend comme Job; puis il admire le mystérieux développement de la graine. Jésus illustre la patience suprême de Dieu dans la parabole de l'ivraie (Mt 13:24-30) et du figuier stérile (Lc 13:6-9), et nous exhorte à la patience. Les bons et les mauvais jours viendront aussi hanter notre vie et il nous faudra, comme le fermier dans la parabole du semeur, attendre patiemment. Toutefois la patience implique la ferme intention d'être aussi responsable, tout comme le semeur. " Par la persévérance vous sauverez vos âmes ", dit le Seigneur (Lc 21:19).
Saint Paul présente la patience comme un fruit du Saint-Esprit: "l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi" (Gal 5:22-23). Il écrit à Timothée que le Christ "est venu déployer son immense patience en exemple pour ceux qui croiraient en Lui et recevraient la vie éternelle" (1Tim 1:15-17).
L'apôtre, qui a pratiqué une patience extrême tout au long de son ministère, exhorte  à être patient avec tous. "Faites en sorte que personne ne rende à autrui le mal pour le mal; mais poursuivez toujours le bien, soit entre vous, soit envers tous" (1Thes 5:14-15).  Finalement, l'amour est le critère d'évaluation de la patience. Car l'amour vient de Dieu et c'est le fruit du Saint-Esprit (Gal 5:22).
La foi est constamment confrontée aux défis de la vie, comme le prouve l'expérience, et la patience est gagnante.

3. LES PAROLES DE FRANCOIS

Se supporter soi-même est tout un art de vivre. François savait l'importance non seulement de se supporter non seulement soi-même mais aussi les autres. Il le dit succinctement: "Soyez patient en toutes choses, mais surtout soyez patient avec vous-même" (IVD). Nous sommes fondamentalement portés à souligner les erreurs et les limitations d'autrui, mais n'arrivons pas à admettre les nôtres propres. De plus, nous nous cachons nos sentiments et entretenons nos soucis: "Je n'ai pas autant de talents que tel autre; mes performances sont inférieures à celles de mes collègues." La simple reconnaissance et l'humble acceptation de nos propres imperfections permettent de conserver notre tranquillité d'esprit.
Se supporter soi-même et aussi autrui sont les deux faces d'une même pièce. Gardez un cœur aimant, réalisez l'harmonie entre les éléments internes et externes, comme le feu qui crée des cendres tandis que les cendres préservent le feu. François écrit: "Vous devez savoir que la vertu de patience est la porte de la perfection" (Jam 1:4). La petite vertu qu'est la patience détient un énorme pouvoir de transformation. François illustre ce fait par une similitude: "Rien ne calme plus rapidement un éléphant en colère qu'un petit agneau, et rien ne brise plus facilement la force d'un boulet de canon que la laine." (IVD) Il écrivit à Madame Fléchère: "Par -dessus tout, ma fille, ne perdez pas courage, ayez la patience d'attendre.(EA) et "Le plus sûr chemin de la perfection consiste à se tenir au pied de la croix en toute humilité et compassion du cœur." (EA)
La perfection consiste dans l'acceptation patiente de ses propres limites. Ne désirons pas l'impossible. Que se passe-t-il lorsque vous tombez malade?  Vous plaindre ne vous rendra aucun service. Nous alourdissons nos croix en essayant de nous en débarrasser. Une fois que vous l'acceptez, elle devient plus légère. Dans tous les aléas de la vie, cultivons le courage de dire:  "Que Ta Volonté soit faite." Souvenons-nous des mots souvent cités par François: "Essayons toujours d'être aussi bons et attentionnés que possible en n'oubliant jamais que l'on peut attraper plus de mouches avec une cuillerée de miel qu'avec cent tonneaux de vinaigre."
Nous mesurons souvent notre patience à l'aune des autres et ignorons ce faisant que l'entraînement à la patience devrait commencer par nous-mêmes.
François de Sales ajoute qu' il faut être patient non seulement  avec les détails plus ou moins importants des malheurs auxquels nous pouvons être confrontés, mais aussi avec les conséquences secondes et accidentelles qui en découlent. François lui-même fut confronté sa vie durant au devoir d'exercer cette magnifique vertu, ce qui lui valut le titre de "saint courtois ".
Plaignez-vous le moins possible. Se plaindre est une manière de se comparer aux autres. Éviter de se comparer et de se plaindre augmente la patience. La patience ne peut s'exercer et se développer que confrontée aux épreuves, aux soucis et aux difficultés. Jésus était patient, doux et humble de cœur. Sa patience trouvait sa source dans son ardeur à satisfaire la volonté de Dieu; sa patience était la preuve de son amour pour son Père. Tout ce que Jésus faisait et subissait, même ses pires souffrances, l'était par amour parce qu'il était venu accomplir la volonté de son Père et qu'il aimait à le faire (Jn 8:29).
"L'amour trouve sa source dans le cœur, et nous ne pouvons trop aimer notre prochain et dépasser les bornes, tant que l'amour réside au niveau du cœur.  Cependant, les démonstrations extérieures de notre amour peuvent s'égarer et échapper à notre contrôle, sortant ainsi des limites et des lois de la raison. Saint Bernard nous dit que la limite de l'amour de Dieu est de L'aimer sans limite; l'amour de Lui doit étendre ses racines le plus largement possible. Et ce qui vaut pour l'amour de Dieu doit aussi s'appliquer à l'amour de notre prochain, pour autant que l'amour de Dieu soit plus grand et tienne la première place dans nos cœurs." (Conférences spirituelles -  EA) La devise salésienne: "Tout par amour, rien sous la contrainte" trouve ici toute sa justification (Lettre à Madame de Chantal).
 François utilise une variété de comparaisons et d'images pour illustrer ses arguments. Les abeilles, par exemple, trouvent leur subsistance dans des fruits amères et produisent le miel sucré. Ainsi, souffrances et amertume sont des moyens éprouvés pour apprendre la précieuse patience.
"Souvenez-vous qu'à l'heure de produire du miel, les abeilles se nourrissent de produits très amers. De même, nous ne pourrions agir avec grande douceur et patience ni fabriquer le miel d'excellentes vertus sinon en mangeant le pain de l'amertume au milieu des épreuves de la vie. (IVD) Les vertus exercées au cœur des épreuves et des tribulations sont les plus parfaites. Oui, notre vocation de sainteté consiste à pratiquer la patience.
Nous n'avons pas toujours l'occasion d'accomplir des actions héroïques, mais d'autres actions plus petites abondent. Pourtant, les petites choses faites avec abnégation donnent vraiment du poids à nos actes. "Nous devrions préférer les vertus qui s'accordent à nos devoirs plutôt que celles plus attirantes qui correspondent à nos goûts (IVD). François maîtrisait à fond la patience et nous en a donné l'exemple impressionnant.

4. LA PRATIQUE QUOTIDIENNE

Vous avez peut-être entendu vos aînés dire: "Apprends d'abord à marcher, ensuite tu pourras courir". La patience, c'est l'art d'apprendre par la pratique. Elle nous apprend à avoir des relations sans heurts avec les autres. Notre faculté de patience se manifeste dans la chaleur de nos relations. Une personne de prière ne peut pas mener une vie mondaine. Comment pourrais-je être un ange dans la prière et une bête dans mes relations? En fait, mes relations à autrui révèlent qui je suis, et donc aussi la qualité de ma prière. Ma vie attestera si ma prière est sincère ou pas. C'est pourquoi nous devons commencer par le désir sincère de mener une vie vertueuse. Ceci exige de changer notre attitude intérieure particulièrement face à des situations adverses qu'il nous faudra accueillir comme nos instructeurs.  Nos erreurs du passé peuvent devenir des maîtres efficaces sur la route du progrès.
Nous sommes en possession de nous-mêmes à la mesure de notre degré de patience.  Pourquoi ne pas user de patience lorsque nous sommes faussement accusés ou ne pas répondre par la douceur du cœur quand on nous réprimande? La patience envers nous-mêmes et la réaction correspondante dans la douceur est une bonne preuve d'humilité de cœur. Cela peut ressembler à un martyre: Vous pouvez parfois vous sentir humiliés. Acceptez-le. Ce peuvent être des occasions de pratiquer la patience et de rester en paix. L'amour de Dieu exige beaucoup de patience envers chacun, en premier lieu envers soi-même.

La patience n'est pas un programme d'une seule journée mais le voyage d'une vie. Pratiquez-la chaque jour sans vous décourager: rappelez-vous que la plus longue course commence par un premier pas. La sagesse de la connaissance de soi et de l'introspection nous enseigne que les gens évoluent terriblement lentement. Mettez en pratique l'axiome:  Vis au jour le jour ! Évite de te dépêcher, ne t'inquiète pas, détends-toi et goûte la joie de vivre.
Notre vie quotidienne nous offre d'amples occasions de pratiquer la patience: au téléphone personne ne prend votre appel. Vous fixez un rendez-vous... personne ne vient. Vous attendez à la gare, le train est en retard.  Notre société hyperactive et déboussolée porte à rendre tout le monde impatient.
Saint Augustin disait que la patience est compagne de la sagesse. Faites-en la clé de voute de votre vie spirituelle et récoltez la moisson de la sagesse. Nous autres, êtres limités, ne pouvons atteindre que des hauteurs limitées. Le succès et l'échec font également partie de la vie. Soyons créatifs et développons la patience et la persévérance. La tolérance et l'assiduité à faire le bien renforceront notre démarche de patience.
L'égoïsme est profondément ancré en chaque homme. Quelqu'un me demandait un jour s'il ne vaudrait pas mieux être "fish" que "selfish" (jeu de mot intraduisible). Endurez patiemment l'égoïsme des autres; cela vous conduira à l'abnégation.  L'abnégation vous conduira à l'égalité d'humeur. Vous n'êtes pas parfait mais vous pouvez le devenir. Faites pour le mieux et attendez-vous au pire, Dieu fera le reste. Par-dessus tout, restez patient jusqu'au bout !

Plus encore, la prière est une excellente école de patience. Pensez à Dieu pour être divin dans votre comportement. Dieu, océan de bonté, vous bénira et vous accordera une patience sans limites.
Nous autres humains ne sommes pas des anges, nous nous fourvoyons. Nous voyons les choses à travers le prisme de notre propre ego, de nos perceptions erronées. Soyons bons et miséricordieux. Remplissons notre esprit et notre cœur de miséricorde et de bonté, en pratiquant la patience et la tolérance. Est-ce facile? Non. Mais c'est possible toujours et partout.
  • ·        Comment pratiquez-vous la patience et supportez-vous l'impatience dans la vie de tous les jours ?
  • ·        Jusqu'où va votre patience face à la maladie ou aux autres épreuves de la vie ?
  • ·        Comment pratiquez-vous la patience dans vos relations avec votre entourage ?

II - L'HUMILITÉ



L'humilité naît de la connaissance de soi et de son acceptation. Elle se trouve aussi dans la modestie, conscients que nous sommes de nos propres limites et nous soumettant à Dieu et aux autres pour l'amour de Dieu. L'humilité n'a rien à voir avec un complexe d'infériorité, mais est au contraire un signe de force et de courage. Elle est le terreau dans lequel toutes les autres vertus, telles que la foi, l'espérance, le contentement et la prière plongent leurs racines.


1. UNE BASE SOLIDE

L'océan est puissant et semble sans fin, illimité. Mais en fait il est beaucoup plus humble que le tumultueux cours d'eau, il est humble. Une personne sage est humble. Selon l'adage "celui qui est conscient de son ignorance est humble et ouvert à ton enseignement."  Une personne humble admet ne pas tout savoir; elle sait qu'elle peut aussi bien se tromper qu'avoir raison et qu'il est insensé d'être fier (1Cor 8:2). La grâce de Dieu abonde dans la vallée de l'humilité et non pas sur la montagne de la démesure. William Shakespeare l'exprimait en ces quelques mots: "Le fou se croit sage, mais le sage se sait lui-même fou." La spiritualité authentique repose sur le fondement de l'humilité.

Le mot "humilité" vient du latin humilis qui signifie bas, humble, appartenant à la terre sous nos pieds. Les mots "humilité et "humain" sont tous deux des dérivés de humus, la terre. L'humilité est l'acte de s'incliner vers la terre en reconnaissant que nous sommes façonnés avec de la terre et que nous y retournerons, c'est l'acte de reconnaître la grandeur de Dieu et notre petitesse humaine. Plus nous verrons en Dieu notre Créateur, plus nous serons humbles. Plus nous nous élèverons vers le Royaume de l'infini, plus nous serons éclairés et partant plus nous serons humbles. Regardez notre Mère, la Vierge Marie, "l'humble servante de Dieu".

L'humilité accorde une égale importance à tous. Par l'humilité nous acceptons notre place comme une parmi tant d'autres. Du moment que nous reconnaissons ne pas être plus importants que les autres, nous ne revendiquons pas plus que la part qui nous revient.

L'homme humble marche sur le chemin du progrès spirituel, tandis que l'orgueilleux croit avoir déjà atteint le zénith. L'humilité est une force, elle est une puissance. Endossez l'humilité et vous gagnerez les cœurs. Souvenez-vous que c'est l'orgueil qui a transformé les anges en démons. Quant à vous, soyez vous-mêmes des anges !


2. LA PAROLE DE DIEU

Un prédicateur recommandait de pratiquer trois importantes vertus: la première c'était l'humilité, la seconde l'humilité et la troisième l'humilité! L'humilité est la vertu principale, que notre Mère la Vierge Marie tenait en haute estime. Elle se prenait elle-même pour très peu de chose:  "Je suis la servante du Seigneur" (Lc 1:38). Son humilité fut richement récompensée: elle reçut la Parole de Dieu, la Parole faite chair en son sein. Nous tenons souvent l'humilité pour de la faiblesse; mais c'était la force de Marie, car elle savait que Dieu ferait de grandes choses en elle (Lc 1:39), non pas dues à ses propres capacités, mais par Sa grâce. Jésus aimait et recommandait l'humilité (Mt 11:29).  "Le plus grand est celui qui sert" (Lc 22:27).

En se faisant homme, Jésus se fit esclave (Phil 2:6-11). Le lavement des pieds, tâche typique de l'esclave, fut accompli par Jésus lui-même (Jn 13:1-20). Jésus lava même les pieds de Judas, qui l'avait trahi, et ordonna à ses disciples de s'aimer les uns les autres.


Jésus enseigna la vertu d'humilité jusqu'à son paroxysme: "Apprenez de moi car je suis humble de cœur" (Mt 11:29). Et il s'exclamait: "Je te loue, Père, Roi du ciel et de la terre, car tu as caché ces choses aux sages et aux savants, et tu les as révélées aux petits enfants" (Mt 11:25). L'humilité permet à Dieu de manifester sa puissance. Une personne humble est réceptive à cette puissance. C'est une aventure spirituelle.

L'humilité est réaliste. Cette magnifique vertu nous rend capables de découvrir notre propre valeur et celle des autres. Elle nous rend altruistes plutôt qu'égocentriques.

La Bible dépeint l'humilité comme la vertu qui donne la prédominance à autrui, comme le fit le Baptiste (Jn 3:30). Celui qui est véritablement humble possède la sagesse du Saint-Esprit; elle ennoblit les têtes et les cœurs et renforce la dignité propre et  celle des autres.

L'inquiétude et l'anxiété sont les dérivés de l'orgueil. L'humilité engendre la crainte du Seigneur et le respect de tout un chacun (Prov 22:4). Tous peuvent être soumis au test de l'humiliation, seul l'humble en sortira indemne. L'humilité est la condition sine qua non pour accepter d'aimer Dieu et le monde entier (Sir 2:1-6).

L'esprit humble plaît à Dieu (1Pet 3:4). Il met sa joie en Dieu et a le cœur en paix et en repos (Ps 69:32-33), ce qui lui permet de tenir face aux épreuves (Job 1:22). Le Livre des Proverbes dit qu'il vaut mieux être humble d'esprit avec les petits que de partager le butin avec les orgueilleux (Prov 16:19). L'humilité transforme notre relation à Dieu et aux autres et fait de nous des images du Christ.

3. LES PAROLES DE FRANCOIS

L'humilité et la douceur sont des vertus inséparables; la première plaît à Dieu, la seconde plaît à nos frères et sœurs. Saint François de Sales voit en l'humilité la marque de la spiritualité chrétienne. Il l'explique par une comparaison:

"Le baume qui, comme je le disais plus tôt, se dépose toujours au fond plus que tout autre liquide, symbolise l'humilité. L'huile d'olive, qui flotte toujours à la surface, symbolise la douceur, la gentillesse. L'humilité s'élève au-dessus de tout et excelle en tout. Étant le fruit de la charité, nous dit Saint Bernard, elle atteint la perfection non pas simplement par la patience, mais encore par la douceur et la gaîté. Prenez donc garde, ma fille, de conserver ce charisme de douceur et d'humilité dans votre cœur..." (IVD). La vraie humilité se prouve dans l'adversité et face à la calomnie lorsque nous les acceptons simplement. La colère et l'irritation, en revanche, sont des signes clairs que notre humilité n'est pas authentique. Les gens sont souvent en prise avec l'orgueil pour tenter de le dominer. Mais François nous a laissé un legs spirituel époustouflant en nous conseillant de "renforcer l'humilité par la pratique" plutôt que de la rechercher une fois la fierté détruite (EA XII). C'est le fait d'un grand art de vivre que d'être libéré de la colère et de la haine et de devenir maître de soi-même.

"L'humilité n'est que vérité et la fierté n'est que mensonge," disait Saint Vincent de Paul, grand admirateur de St François de Sales. Kabir (1440-1518), mystique indien, conseillait d'être comme un caillou sur le chemin (tolérant comme un caillou); de laisser là son égoïsme. Un esclave si humble rencontrera Dieu. "Là où prospèrent l'amour et la bonté fleurit l'humilité".

François nous conseille d'accepter tout le monde avec ses qualités et ses défauts (IVD). Le paroxysme de l'humilité consiste à assumer non seulement notre abjection mais aussi notre force.

François excellait dans la pratique des vertus telles que la patience, la douceur et l'humilité. Il disait que la véritable vertu d'humilité est de reconnaître réellement et d'assumer volontairement notre abjection. (IVD)


Abjection veut dire ici mesquinerie, bassesse. Accepter nos propres abjections signifie reconnaître notre faiblesse humaine et l'accepter avec joie. Le summum de l'humilité consiste non seulement à reconnaître notre abjection, mais à l'aimer et à l'accepter joyeusement en vue d'exalter la Majesté divine et d'estimer notre prochain (IVD). L'humilité rend notre vie agréable à Dieu tandis que la douceur la rend agréable à nos proches.

L'humilité n'est autre que l'amour de Dieu, de nos frères et sœurs et, non des moindres, l'amour de nous-mêmes. En résumé, l'amour est humilité, la vérité est humilité, la douceur est humilité. Nous prétendons souvent être humbles, mais en fait nous sommes loin de la vérité. "Nous prétendons vouloir être les derniers et nous asseoir à la dernière place en bout de table, mais c'est seulement dans le but d'arriver plus haut avec les avantages qui s'y rattachent. Nous déclarons n'être rien sans le penser vraiment, donc sans humilité de coeur. L'humilité est la vertu par excellence (IVD). Elle est "mère de toutes les vertus" (EA).

Wendy Wright, auteur d'un Traité sur l'Amour de Dieu, souligne que l'humilité religieuse implique une double perception: "premièrement celle de l'immense potentiel qui habite l'homme fait à l'image et à la ressemblance de Dieu; et deuxièmement celle des très réelles limitations qui nous empêchent de mettre ce potentiel à profit."

La vie religieuse est une école d'entraînement à lutter pour la perfection en sainteté. En fait, la découverte de nos propres imperfections nous incite à vouloir nous améliorer. Sommes-nous impatients, dominons patiemment notre impatience; coléreux, dominons calmement notre colère; anxieux, dominons notre anxiété par la paix.  Nous pouvons élaborer une spiritualité de perfection à partir de notre imperfection! L'humilité consiste non seulement dans l'acceptation mais aussi dans l'amour de nos faiblesses (IVD).

Une personne humble est toujours reconnaissante et met sa confiance en Dieu. "La vivante considération des grâces reçues nous rend humbles parce que cette prise de conscience engendre la gratitude à leur sujet."

L'humilité n'est pas qu'une simple prétention. La personne humble est réaliste, l'image qu'elle a d'elle-même est juste, de même que sa vision du monde est pertinente; elle assume  ses faiblesses et ses points forts avec sérénité. L'estime  de soi  et l'estime des autres sont les critères de l'humilité véritable.

"Ne désirez pas être différent de ce que vous êtes, mais désirez être à fond ce que vous êtes... Croyez-moi, c'est là le point le plus important et le moins bien compris de la vie spirituelle. Nous aimons tous ce qui correspond à nos goûts; peu de gens aiment ce qui est de leur devoir ou du goût de Dieu. À quoi bon bâtir des châteaux en Espagne si nous devons vivre en France" (EA, XIII).

L'essence de l'humilité n'est pas simplement d'accepter notre faiblesse, mais de le faire joyeusement (IVD).  L'honnêteté, la bonté et la douceur sont les traits authentiques de la personne humble. Celle-ci a appris à dépasser les projets et les relations illusoires, à ne pas se soucier des flatteries ni à aspirer aux honneurs, à la reconnaissance, à un nom et à une réputation.

Les orgueilleux aspirent aux louanges et à être connus du monde. Le désir d'être supérieur aux autres est une disposition qui provient de la vanité. L'humilité nous ouvre à des relations vraies et nous encourage à faire la volonté de Dieu.

4. LA PRATIQUE QUOTIDIENNE

Quand nous évoquons l'humilité, nous avons plutôt tendance à parler de son absence que de sa présence. Certains sont même fiers de leur humilité ! Mais si vous croyez être humble, c'est que vous ne l'êtes pas! C'est un fait. L'affirmation de soi est saine si elle n'est pas rendue illusoire par la fierté.

Bien des gens, lorsqu'on les félicite d'une action courageuse qu'ils ont accomplie, réagissent en disant qu'ils ne méritent pas cette louange. Par contre, si vous leur dites que leur action ne méritait pas de louange, ils sont fâchés. C'est ainsi qu'on peut éprouver ce qu'est la véritable humilité. Ne nous laissons pas trop troubler par nos imperfections, car notre perfectionnement consiste justement à les combattre (IVD). Cependant, gardons-nous d'afficher un sentiment de supériorité sur les autres ou d'essayer de les supplanter pour obtenir honneur et louange.


À chaque fois qu'il faisait quelque chose de grand, Saint Paul en donnait le crédit à Dieu et L'en remerciait. Il avouait souvent ses faiblesses, mais il reconnaissait aussi la puissance de Dieu qui agissait en lui. Tout à la fois, force et faiblesse coexistaient en lui (2Cor 12:10). Nous sommes faibles mais Dieu est fort; Il peut nous fortifier.

 Chacun veut se sentir grand. Mais la vraie grandeur se fonde sur la base de toutes les vertus, c'est-à-dire l'humilité. Un comportement humble engendre le respect des autres. L'orgueil transforme les anges en démons; l'humilité transforme les hommes en anges. Une personne humble est réaliste car l'humilité permet de se confronter courageusement aux réalités de la vie.

Il y a quelques années, l'une de mes amies fit la remarque que personne ne pouvait la fâcher sans sa permission. C'est vrai, il n'appartient à personne de nous fâcher; la colère est le fruit de nos émotions, lesquelles sont sous notre contrôle. Les amitiés brisées, les inimitiés qui s'intensifient sont dues à l'orgueil et à la colère.  Nos réactions d'empathie et de sympathie nous rendent plus humains.

Rappelez-vous le proverbe: "L'orgueil précède la chute."  Éliminez l'orgueil, éliminez votre ego, et vous connaîtrez la paix. La perfection consiste à lutter contre ses imperfections; tant que nous combattrons dans cette arène, nous pourrons espérer la victoire (IVD). Jésus prêchait l'humilité et l'amour les uns des autres, et il rendait grâce à son Père de révéler les mystères du Royaume de Dieu aux simples et aux tout-petits (Mt 11:25).

La personne humble repose entre les mains de Dieu, tandis que l'insensé perd le contrôle (Prov 29:11). L'orgueilleux est affligé et abandonné à lui-même, tandis que l'humble repose dans les mains protectrices de Dieu. Dieu, Roc du salut, est le solide lieu de repos des humbles. L'humilité est la bonne stratégie pour réussir à accepter ce que nous ne pouvons pas changer et pour changer ce qui peut l'être. C'est la pratique de la vertu qui lui donne vie, et la joie qui en découle est savourée par la pratique. L'humilité est la mère de toutes les vertus. La pratique de l'humilité révèle ce que nous sommes. C'est un acte d'acceptation de ce que nous sommes.

Un jour, un disciple demanda à son rabbi  pourquoi les gens ne pouvaient pas voir la face de Dieu. Qu'était-il arrivé pour qu'ils ne puissent plus s'élever assez haut pour voir Dieu?

Le rabbi répondit: "Mon fils, ce n'est pas du tout cela. Vous ne pouvez pas voir la face de Dieu parce qu'il y a si peu d'humains qui peuvent s'abaisser autant. Apprenez à vous incliner, à vous agenouiller et à vous accroupir, alors vous serez capables de voir Dieu face à face."



Cette histoire nous rappelle un autre adage. La porte du Royaume de Dieu est exactement de votre taille lorsque vous vous traînez à genoux. Si vous vous tenez droit debout, rempli d'orgueil, vous ne pourrez pas y passer.

L'humilité en communauté est possible grâce à la "mobilité descendante".  Jésus voulait une communauté de personnes égales. Alors que les disciples se demandaient anxieusement qui était le plus grand, Jésus s'agenouilla devant eux et leur lava les pieds. " Moi votre maître, je me trouve au milieu de vous comme celui qui sert" (Jn 13:14-16). Efforcez-vous de développer en famille et en communauté la pratique de l'humilité.

  • Quels sont les vices qui m'empêchent de pratiquer l'humilité ?  Quels sont les signes d'une réelle humilité ?

  • Comment pratiquer l'humilité en imitant la Vierge Marie qui agissait par la puissance et la sagesse de Dieu ?

  • Comment est-ce que j'accepte et que j'aime mes limitations, ma faiblesse et ma force ?